Le Domaine de Merval accueille l’un des deux sites du LPA qui propose des enseignements généraliste, en élevage et dédiés aux services à la personne
Le lieu est grandiose et baigné de soleil. Drôle de rentrée pour les nouveaux arrivants au Domaine de Merval, l’un des deux sites du Lycée professionnel agricole (LPA) du Pays de Bray, avec celui situé à Neufchâtel en Bray. Ce château datant du 17e siècle et orné de dépendances impressionne certains des jeunes élèves qui s’installent ici pour étudier. « Ça fait bizarre ! On se demande presque ce qu’on fait là !», s’amusent d’une seule voix Stéphanie et Mathilde qui entament une 2nde générale et technologique à Merval dans ce collège qui « change des collègues classiques ».
Ils sont presque 300 élèves cette année à intégrer le LPA du Pays de Bray, dont 160 à Merval et 140 à Neufchâtel. Si un tel effectif surprendrait plus d’un proviseur d’établissement de l’Éducation nationale, il est élevé pour ce lycée qui traverse de ce point de vue « une phase haute », comme en témoigne Dany Toussaint, proviseur du LPA. L’effectif est au complet, les internats sont pleins et la sélection à l’entrée a écarté beaucoup de candidats. Mais cela n’a pas toujours été le cas pour cet établissement, ouvert en 1989, qui réalise cette année sa 25e rentrée. « Nous sommes passés en cinq ans de 230 élèves au LPA à 300 », indique ainsi Florent Boullier, chargé de communication du LPA. À la différence des établissements dépendant de l’Éducation nationale, dont la population est captive puisque dirigée obligatoirement vers un site selon le principe de la carte scolaire, les lycées agricoles doivent se faire connaître auprès des parents et élèves afin d’entretenir leur effectif qui provient de l’ensemble du département et des départements voisins. « Il y a peu encore, le personnel du collège de La Feuillie, situé à quelques kilomètres, ne connaissait pas Merval… », souligne Florent Boullier en guise d’illustration.
Malgré les difficultés rencontrées par certains secteurs comme l’élevage, les vocations pour le métier d’agriculteur semblent donc ne pas s’éteindre, si l’on en croît le succès du LPA du Pays de Bray. Mais ce n’est qu’en partie exact, car il y a déjà longtemps que les enseignements dispensés dans les lycées agricoles dépassent le seul cadre agricole. Le site de Neufchâtel en Bray proposent ainsi une filière « services en milieu rural » orientés vers la vente, l’accueil et les services à la personne. Suivie majoritairement par un public féminin, cette filière y est développée au travers d’un CAPA (CAP dans les lycées agricoles), d’une seconde professionnelle et d’un Bac pro. Le Domaine de Merval héberge quant à lui les filières générale et agricole. La seconde est spécialisée dans le domaine de l’élevage et s’appuie sur une ferme de 130 ha. La filière générale, à l’instar de l’ensemble des lycées agricoles, est ici tout de même teintée d’agriculture. L’option offerte à Merval porte ainsi sur l’équitation et l’hippologie (l’étude du cheval dans son ensemble, ndlr), ce que de nombreux élèves viennent chercher pour se lancer par exemple dans l’élevage de chevaux.
À la différence des lycées généralistes dépendant du ministère de l’Éducation nationale, les LPA, dont l’enseignement est régi par le ministère en charge de l’agriculture, jouissent d’une plus grande part de liberté. 20 % des enseignements sont laissés à la discrétion des établissements. D’une façon générale, explique à ce sujet Dany Toussaint, « l’enseignement agricole constitue un lieu d’expérimentation pédagogique : le contrôle continu existe par exemple chez nous depuis 30 ans ». C’est également la question de la participation des établissements d’enseignement dans la vie d’un territoire, par l’action culturelle ou le développement économique, que le ministère de l’agriculture entend expérimenter depuis maintenant plusieurs années.
Christophe Trehet, PARIS NORMANDIE du 5 septembre 2014