Dans son mot de rentrée destiné aux élèves et professeurs de l’enseignement agricole en Seine-Maritime, Mohamed Aarabi, directeur de l’EPLEFPA qui regroupe les dix centres de l’enseignement agricole public de Seine-Maritime, signale que « le cadre dans lequel s’inscrit [l’] enseignement [agricole] a connu des évolutions de fond, en lien avec les orientations des politiques publiques de l’éducation et de la formation tout au long de la vie et les politiques publiques agricoles ». En plus des loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, du renforcement de la décentralisation, et des futures évolutions législatives législations dans le champ de la formation professionnelle et de l’apprentissage, l’enseignement agricole est concerné par la loi d’avenir de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt bientôt promulguée.
Depuis son arrivée au ministère de l’agriculture, Stéphane le Foll n’a qu’une expression à la bouche : « produire autrement ». Depuis le plan d’action « Enseigner à produire autrement » lancé au printemps, l’enseignement agricole doit ainsi constituer un des « leviers essentiels au développement de l’agro-écologie ». À ce sujet, Mohamed Aarabi pointe le « double défi de la compétitivité économique et de la transition écologique » que doit relever l’enseignement agricole, quand Dany Toussaint, directeur du Lycée professionnel agricole du Pays de Bray explique de son côté qu’il s’agit désormais de « produire le plus proprement possible, tout en assurant la rentabilité économique de son activité ». Cette insistance à mettre en avant la rentabilité économique de l’activité agricole, comme si les systèmes qui s’écartent de l’agriculture conventionnelle niaient cet impératif, traduit en creux l’inertie avec laquelle les établissements d’enseignement agricole font évoluer leur enseignement vers les systèmes plus durables, coincés qu’ils sont entre la nécessité de montrer la diversité des systèmes de production et l’ambition d’exemplarité.
Au LPA du Pays de Bray, Dany Toussaint et son équipe d’enseignants sensibilisent les élèves à la diversité des systèmes de production au moyen de visites dans des fermes et au travers de l’expérimentation de pratiques culturales innovantes, dans la gestion des prairies temporaires en particulier. L’exploitation agricole du Domaine de Merval offre par ailleurs un exemple intéressant dans le domaine de la production de produits fermiers : elle transforme ainsi en Neufchâtel près de 400 000 l de son quota de lait, ainsi que les pommes de son verger en jus, cidre, etc. Grâce à cela, elle parvient à atteindre un relatif équilibre écologique.
Mais en ce qui concerne le verger conservatoire de 450 variétés de pommes que gère le LPA du Pays de Bray à Merval, Dany Toussaint ne cache pas ses difficultés à financer son entretien. On parle bien pourtant ici de biodiversité agricole, de potentiel génétique à préserver pour valoriser notamment les résistances naturelles aux maladies de certaines variétés. Mais ça ne semble pas rentrer dans le champ de l’agroécologie selon le ministère…
Christophe Trehet PARIS NORMANDIE du 5 septembre 2014